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Aussi ancienne que l'apiculture, l'apithérapie (du latin apis, abeille, et du grec therapeia, guérison) consiste à utiliser les produits récoltés, transformés ou sécrétés par l'abeille (miel, propolis, pollen, gelée royale et venin) à des fins diététiques et thérapeutiques. Les publications scientifiques qui prouvent leurs bienfaits sur la santé se multiplient...enfin.
Véritable baromètre de notre planète et gardienne de notre santé depuis la nuit des temps, l'abeille tient une place de choix dans le cœur des hommes. Hippocrate, père de la médecine ne tarissait pas d'éloge sur une pharmacopée à base de miel et utilisait le venin contre l'arthrite. La notoriété des produits de la ruche franchit un cap dans les années 80, quand les milieux universitaires s'intéressent de près à leurs vertus. Les pratiques ancestrales ne suffisent pas pour se faire accepter en tant que thérapie reconnue, les essais cliniques et les preuves scientifiques sont indispensables. Les produits de la ruche doivent être d'une totale innocuité et leurs résultats bénéfiques quantifiables ! Un vrai challenge que des Centres de recherches en France et à l'étranger essaient de relever face à des produits non réglementés et de qualité très inégale...Ils tentent de définir comment ces produits peuvent être utilisés pour telle ou telle pathologie et à quel dosage.
L'apithérapie et ses différents produits vus par la science
Le pouvoir antiseptique et cicatrisant du miel (fabriqué à partir du nectar de fleurs) est très certainement la propriété la plus connue et documentée. Au CHU de Limoges, dans le service de chirurgie digestive du Pr Bernard Descottes, vingt années d'expérimentations ont permis de démontrer le succès incontestable du miel (miel de thym de haute qualité) dans la cicatrisation des plaies post opératoires pour un coût 25 fois inférieur à celui des traitements conventionnels. Le professeur Henri Joyeux dans son livre "Les Abeilles et le Chirurgien" avance qu'une vingtaine d’hôpitaux français utilisent le miel depuis les travaux du Pr Descottes. À l’Hôpital Calixto Garcia à Cuba, les médecins utilisent l’alliance entre miel, propolis, pollen, cire, venin et plantes pour traiter des cas désespérés et éviter des amputations. De nombreux travaux en médecine vétérinaire donnent des résultats tout aussi convaincants. Une étude de 2014 met en évidence les effets de la consommation régulière d'une cuillère à soupe d'une mélange breveté de pollen frais sur la dénutrition des personnes âgées. Le pollen récolté sur les étamines des fleurs est la source de protéines des abeilles. Cent grammes de cette matière végétale fraiche apportent autant de protéines que cent grammes de viande de bœuf ! Très riche en sélénium, fer, acides aminés essentiels, sels minéraux, oligo-éléments, vitamines, etc., il constitue un complément alimentaire d'un intérêt médical de premier ordre. Grâce à la richesse et la diversité de sa composition, le pollen est un fortifiant naturel à recommander pour son action bénéfique sur l’état général, et plus particulièrement dans les cas d’asthénie, neurasthénie, anorexie, décalcification, rachitisme et retard de croissance. Il restaure efficacement la flore intestinale, a une action anti-inflammatoire, hépato-protectrice, antibactérien et antifongique (élimine les infections provoquées par des champignons). La gelée royale (sécrétée par les abeilles nourricières, nourriture exclusive de la reine) fait ses preuves sur la récupération lors d'une période de convalescence, de grande fatigue physique ou mentale, elle booste le système immunitaire, le système nerveux et métabolique. Sa puissance n'est pas à prendre à la légère, elle est déconseillée aux personnes allergiques aux produits de la ruche (comme d'ailleurs pollen, propolis et miel) et à celles présentant des risques de cancer hormono-dépendant, femmes enceintes et allaitantes. Reine des crèmes anti-âge, elle stimule la synthèse du collagène et de l'élastine. Ses propriétés antioxydantes, antibactériennes et anti-inflammatoires la rendent très intéressante pour venir à bout des peaux acnéiques. La propolis est sans contexte la plus étudiée des produits de la ruche. Mélange de résine végétale, de cire et de sécrétions salivaires, la propolis étanchéifie et aseptise la ruche. Antibactérienne, antivirale, antifongique et antiparasitaire, elle est fortement conseillée à l'approche de la saison hivernale pour lutter contre les gastro-entérites et la grippe. Redoutable sous forme d'extrait hydro-alcoolique pour lutter contre l'encombrement des voies respiratoires supérieures, elle semble plus adaptée en gélules pour la sphère intestinale. La propolis stimule le système immunitaire et lutte efficacement contre de nombreux germes. Des études en cours creusent la question afin de préciser quelle variété de propolis peut agir efficacement sur quel germe et à quel dosage. Ses vertus thérapeutiques varient en fonction de l'origine botanique de la résine et plus précisément en fonction de la teneur en principes actifs. Les variétés les plus analysées sont la propolis de peuplier européenne, la propolis verte et la propolis rouge du Brésil. Les deux premières par exemple ont un pouvoir antitumoral tel, que le Japon a inscrit la propolis verte parmi ses actifs anti-cancéreux. Elle seconde les traitements conventionnels, limite les effets secondaires, stimule le système immunitaire et l'autodestruction des cellules cancéreuses. Concernant le venin d'abeille, le sujet reste controversé et les avis tranchés. Il serait d'une aide précieuse pour moduler le système immunitaire dans de nombreuses pathologies auto-immunes et bien entendu pour désensibiliser les personnes allergiques au venin d'abeille, guêpe ou frelon. Secrété à partir de la glande à venin de la partie postérieure des abeilles ouvrières, ce liquide est formé d'eau, d'enzymes, peptides, protéines et autres composés. L'apipuncture, méthode traditionnelle qui a ses défenseurs, consiste à faire pénétrer le venin d’abeille dans l’organisme humain par la piqûre d’abeille. A l’aide d’une pince, des abeilles vivantes sont déposées sur la peau du sujet sur les zones douloureuses ou encore sur des points d’acupuncture. Chaque piqûre injecte de l’ordre de 0,1 à 0,5 mg de venin. Du venin lyophilisé peut aussi être injecté par mésothérapie (injections locales superficielles). On le trouve également sous forme de crèmes, lotions, comprimés ou gouttes. Dans l'absolu, l’usage de venin devrait se faire seulement sur prescription médicale, sous surveillance rigoureuse pour des affections déterminées, en tenant compte des contre-indications et en présence de matériel de réanimation en cas de choc anaphylactique, allergiques s'abstenir ! Précautions malheureusement souvent négligées ! Le venin est bactéricide, bactériostatique (inhibe la multiplication des bactéries), antifongique, antibiotique et allergisant… Son action anti-inflammatoire est la base de la "bee (abeille) venom therapy" (BVT) développée aux USA. La BVT doit beaucoup à Charles Mraz, doyen de l'utilisation thérapeutique du venin d'abeille aux États-Unis et à l'origine de très nombreuses recherches cliniques en collaboration avec de célèbres Instituts tel que le Centre anti-Cancer Sloan-Kettering de New York. Il fut le cofondateur de l’American Apitherapy Society (AAS). Le AAS perpétue l’héritage du Mraz aujourd'hui décédé en éduquant le public et le monde de la santé sur les aspects traditionnels et les utilisations scientifiquement prouvées de l'apithérapie. La plupart des formes de maladies rhumatismales semblent répondre à la BVT : polyarthrite rhumatoïde, goutte, arthrose, bursite, tendinite, fibromyalgie, lupus et sclérodermie (Kwon 2001, Kang 2002, Lee 2004, Park 2004, Yin 2005, Hong 2005). Bien que l'utilisation du BVT se soit révélée cliniquement utile dans le traitement des symptômes de la douleur chronique, la recherche dans ce domaine se poursuit. De nombreuses études indiquent également que le BVT peut soulager mélanome malin, lymphome, cancer du sein et de la prostate (Liu 2002, Son 2007, Liu 2008, Park 2011, Oršolić 2012, Mao 2017) et aide à réduire les réactions négatives à la chimiothérapie (Al-Atiyyat et Obaid 2017). Des résultats encourageants montrent un apaisement de la sclérose en plaques, névralgie post zona, syndromes douloureux chroniques, eczéma, psoriasis, virus d'Epstein Barr (EBV) et maladie de Lyme. Depuis une trentaine d’années en Chine, de nombreux traitements associent acupuncture et venin d’abeille. Des chercheurs ont identifié dans le venin l’adolapine et la mélittine, des composants bénéfiques dont l’action tonifiante et stimulante renforce le système immunitaire tout en détoxifiant l’organisme. Mais c’est le venin, encore lui, qui crée le buzz Outre-Manche, c’est le nouvel actif miracle beauté ! La mélittine du venin, agent anti-inflammatoire puissant, augmente le flux sanguin et stimule la production de collagène et d’élastine. De grandes marques de cosmétiques surfent sur ce produit soit disant révolutionnaire.
Roch Domerego, Ces abeilles qui nous guérissent. éd. Lattes 2012 ; Pr Henri Joyeux, Les Abeilles et le Chirurgien, éd. Du Rocher 2014 ; Nicolas Cardinault, Soignez-vous avec les produits de la ruche, éd. Thierry Souccar 2016. Pour en savoir plus : www.pollenergie.fr : www.apitherapiefrancophone.com et https://apitherapy.com/
Un drame silencieux
L'apithérapie une merveille, mais sans abeilles ça se complique ! Plusieurs causes sont évoquées pour essayer d'expliquer le déclin des abeilles : l’utilisation massive de pesticides, l’agriculture intensive, la monoculture, le frelon asiatique et la destruction des haies qui met à mal leur habitat naturel. Selon l’Union nationale de l’apiculture française, les apiculteurs français subissent des pertes moyennes de 30 % de leurs cheptels en hiver, avec des taux records de 40, 50 voire 80 % dans certaines régions ! Les scientifiques s'accordent à penser que les abeilles sauvages, qui assurent presque à elles seules la reproduction et la survie de plus de 70% des plantes à fleurs à travers le monde, sont en rapide déclin. Une vaste étude internationale a démontré que la production d’une grande partie des fruits et des graines avec lesquels nous nous alimentons est en chute libre car les fleurs ne sont pas suffisamment pollinisées. Le Ministère de l'agriculture a annoncé en juin dernier la mise en place d'un dispositif d'aide exceptionnelle pour les apiculteurs impactés et une enquête fouillée afin d'estimer le taux de mortalité de l'hiver 2017/2018 et leurs causes possibles. Une goutte d'eau dans l'océan des possibles...on attend toujours des décisions drastiques au niveau européen et international.
L'hiver ? Même pas peur !
Pour renforcer le système immunitaire plusieurs options : commencer dès que possible une cure de pollens frais de ciste et de châtaigner à raison d'une cuillère à soupe par jour pendant un mois ; une cure de gelée royale pendant deux à trois semaines pour vaincre la fatigue et l'épuisement, ou pourquoi pas une cure de propolis dès la fin de l'automne. Le miel de lavande est parfait contre les infections des bronches et des poumons, le miel de thym contre les rhumes, sinusites et maux de gorge. Dans tous les cas préférez des produits bio et locaux, français ou européens et évitez les mélanges de miel à la traçabilité faible et aux vertus incertaines. Le miel fait malheureusement l'objet de nombreuses fraudes.
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