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Une approche naturelle de l’endométriose

Dernière mise à jour : 22 févr. 2023

S’il n’existe pas de traitement miracle pour lutter contre l’endométriose, cette maladie longtemps ignorée, encore sous-diagnostiquée et très souvent invalidante, peut être soulagée par une prise en charge globale associée aux traitements médicaux et chirurgicaux.


Pour comprendre ce qu’est l’endométriose, encore faut-il situer et appréhender le rôle de l’endomètre. L’endomètre est une muqueuse qui tapisse la paroi utérine et s’adapte aux aléas du cycle féminin. Les ovaires sécrètent des oestrogènes qui ont une influence sur l’endomètre, il s’épaissit jusqu’au moment de l’ovulation. Après l’ovulation, la muqueuse gagne en densité avec l’apparition de vaisseaux sanguins sous l’effet de la progestérone. En l’absence de grossesse le taux de progestérone chute et entraine en cascade l’ouverture des vaisseaux sanguins, la décomposition de l’endomètre et l’apparition des menstruations.

On parle d’endométriose lorsque des fragments de muqueuse (composés de glandes et de tissu servant à soutenir, protéger et relier entre eux les nerfs, les vaisseaux sanguins et lymphatiques) qui tapissent la paroi de l’utérus s’immiscent dans le muscle utérin, ou se développent en dehors de l’utérus, au niveau de la région pelvienne : ovaires, péritoine, ligaments utérins, rectum, vessie, voire même, heureusement plus rarement, au niveau du côlon et de l’intestin grêle, du col de l’utérus, du vagin et de la vulve, de la paroi abdominale interne, des uretères et du repli du péritoine. Très exceptionnement plèvre et poumons sont atteints. La surproduction anormale de substances provoquant l’inflammation des tissus (cytokines, chémokines et prostaglandines) rend l’endomètre malade. Cette maladie touche 10 % des femmes en âge de procréer et 40 % des femmes qui souffrent de douleurs chroniques pelviennes particulièrement en période de règles, seraient atteintes d’endométrioses, les adolescentes ne sont pas épargnées. Ces chiffres pointent combien il est impératif de trouver des solutions. Généralement l’endométriose diminue et disparaît après la ménopause mais une surveillance médicale est maintenue, particulièrement si la patiente prend des traitements hormonaux de substitution. Chez les femmes présentant une endométriose, une grossesse peut survenir normalement mais elle doit faire l’objet d’une surveillance accrue.


Quels symptômes doivent alerter ?

Le corps médical est unanime, diagnostiquer l’endométriose n’est pas chose facile. Certains signes mettent sur la voie : douleurs pelviennes, règles et relations sexuelles douloureuses, douleurs et difficultés à uriner et déféquer, douleurs abdominales et lombaires, saignements prémentruels, écoulement de sang par l’anus, règles longues et abondantes, fatigue chronique, troubles digestifs...Selon les femmes le nombre de symptômes est très variable, la maladie peut aussi être asymptomatique. La gravité de la maladie ne se mesure pas non plus à l’intensité de la douleur qui est un critère très subjectif. Une majorité de femmes souffrent de douleurs récurrentes accentuées à l’ovulation et pendant les règles, si fortes parfois qu’elles entravent la vie quotidienne et professionnelle. Les lésions sont sensibles aux hormones féminines expliquant le caractère cyclique de la maladie. Les lésions vont donc proliférer, saigner et laisser des cicatrices fibreuses à chaque cycle menstruel.

Une proportion importante de patientes endométriosiques est infertile, elles découvrent d’ailleurs pour celles qui sont asymptomatiques leur maladie à l’occasion d’une consultation pour exposer leurs difficultés à concevoir un enfant. Pour appuyer son diagnostic le médecin prescrit différents examens (échographie, IRM, etc.), chirurgie et hormonothérapie sont globalement les deux traitements proposés aujourd’hui avec un suivi médical à vie.


Comment et pourquoi se développe cette maladie ?

Malgré l’explosion des recherches ces cinq dernières années, les interrogations restent nombreuses mais les connaissances actuelles font état d’une maladie multifactorielle. Ont été observés différentes causes et facteurs de risques : dérèglements hormonaux, surproduction d’oestrogènes, problèmes mécaniques qui peuvent obstruer l’appareil génital (anomalies du col utérin), toxiques environnementaux et perturbateurs endocriniens (1). Les femmes présentant un facteur Rhésus négatif seraient deux fois plus susceptibles de développer une endométriose (2) ; une étude très sérieuse montre que grande taille et maigreur pourraient être associées à un risque plus important d’endométriose (3). Une prédisposition génétique, un faible poids de naissance, un potentiel angiogénique élevé (4), une déficience immunitaire, une faiblesse hépatique ou fatigue surrénalienne...semblent aussi en lien avec la maladie. Le risque d’endométriose augmente chez les femmes qui n’ont pas eu d’enfant et chez celles qui ont des cycles menstruels courts et des règles abondantes.

À l’heure qu’il est, les mécanismes qui mènent à l’endométriose sont mal connus. Un dossier de l’Inserm réalisé en collaboration avec l’Unité 1016 Inserm/CNRS de l’Institut Cochin à Paris rapporte que "L’hypothèse principale est celle de l’implantation de matériel utérin provenant de menstruations rétrogrades". Au cours des règles, du sang peut en effet passer par les trompes et parvenir à la cavité abdominale, transportant avec lui des fragments d’endomètre, voire des cellules pluripotentes (5)capables de générer de nouveaux foyers endométriaux...Alors que les cliniciens estiment que 90% des femmes présentent des saignements rétrogrades, seules 10% développent des lésions d’endométriose. Des facteurs de susceptibilité individuelle doivent donc intervenir dans le développement de cette maladie. Ces facteurs pourraient être génétiques. Les chercheurs soupçonnent par ailleurs "l’impact de certaines expositions environnementales." Des études épigénétiques intéressantes laissent entrevevoir des pistes prometteuses pour le diagnostic et le pronostic de la maladie (6). Une équipe du CHU d’Angers teste une nouvelle technique plus simple et moins invasive de diagnostic de la maladie: l’utilisation d’un traceur du tissu endométrial observable par une technique d’imagerie TEP (tomographiepar émission de positrons)(7).


Hygiène de vie et alimentation...mais pas seulement

Ce n’est pas un hasard si un nombre croissant d’études s’interrogent sur l’influence de l’alimentation sur l’endométriose. Cette maladie étant une pathologie liée à des composantes hormonales et inflammatoires, il est pertinent de penser que tout comme de nombreuses pathologies hormono-dépendantes (diabète, certains cancers, des pathologies inflammatoires telles que les maladies inflammatoires chroniques de l’intestin (MICI)), l’alimentation joue un rôle essentiel. Une revue de littérature menée par Manon Ubaldo en 2019 à La Faculté des Sciences Médicales et Paramédicales d’Aix Marseille appuie largement cette hypothèse (8). Les conseils tirés de ces études seraient donc d’augmenter les oméga 3 qui permettent de diminuer la production des prostaglandines pro-inflammatoires en consommant des poissons gras riches en EPA et DHA (saumon, sardine, maquereau, hareng, truite, etc.). Du côté des végétaux, opter pour les noix, les graines de lin, les huiles végétales riches en acide alpha-linolénique (colza, germes de blé...). Consommer un maximum de légumes verts et de fruits frais (bio de préférence) avec si possible au moins une fois par jour des agrumes. Limiterautant que possible le gluten, les acides gras saturés (beurre, charcuteries, fromages…), les sucres ajoutés et produits laitiers, éviter soja et viandes rouges et adopter les cuissons douces qui conservent un maximum de vitamines, minéraux et nutriments. Adopter ces conseils soulage aussi les troubles digestifs qui accompagnent souvent l’endométriose.


L’endométriose est souvent difficilement supportable aussi bien physiquement que moralement, aussi toute activité de relaxation qui a un impact positif sur la gestion de la douleur et le stress est donc un atout au quotidien. Sophrologie, yoga, Qi Gong, méditation, massages et auto-massages du ventre, respirations de cohérence cardiaque, etc. Un suivi psychologique peut dans certains cas être nécessaire pour gérer anxiété, stress, mal-être et toutes répercussions psychologiques de la maladie. D’autres thérapies non médicamenteuses telles que l’hypnose, l’acupuncture, l’ostéopathie, la fasciathérapie et la kinésithérapie sont essentielles pour l’amélioration de la qualité de vie. Il est également très facile de placer une bouillotte sur le ventre pour détendre la zone et faciliter la digestion, la chaleur est largement bénéfique dans ce cas sur les zones douloureuses. Si les douleurs ne sont pas très motivantes pour pratiquer un sport, une activité physique régulière modérée, plaisante et adaptée aux symptômes est pourtant très bénéfique : les endomorphines secrétées donnent non seulement du plaisir mais sont également essentielles pour le soulagement de la douleur.

Les cures thermales reviennent sur le devant de la scène, elles font partie des solutions naturelles trop souvent oubliées. Elles doivent être prescrites par le médecin. Certaines cures à orientation gynécologique ciblent les femmes souffrant d’endométriose. Sont par exemple proposées pour leurs actions antalgique, décontractante, décongestionnante et antispasmodique : irrigation vaginale, compresses d’eau de mer, douche au jet et piscine de mibilisation.(9). Parmi les formules innovantes, le laboratoire Copmed a mis au point un complément alimentaire « Endomenat » à base d’extraits de plantes, vitamines et minéraux (10), qui, associé au macérat mère de framboisier (souvent préconisé pour soulager les règles douloureuses et favoriser un bon équilibre hormonal à raison de 2x10 gouttes par jour) est un plus dans la prise en charge


endométriose

Se protéger des perturbateurs endocriniens

Les perturbateurs endocriniens à redouter dans le cas de l’endométriose sont ceux qui mimentl’action des œstrogènes et perturbent l’équilibre hormonal. Étant principalement issus des pesticides, pétrochimie, plasturgie, pharmacie, cosmétiques, aliments et eau...la première chose simple à faire est de mettre de côté les contenants plastiques, boîtes de conserves et canettes métalliques, l’aluminium et le film alimentaire et faire des choix avisés en matière de cosmétiques et produits ménagers.


Communiquer, encore et toujours

Les femmes qui souffrent d’endométriose ne comprennent pas toujours ce qui leur arrive alors imaginez leur entourage ? Parler de leurs ressentis, de leurs difficultés permet aux proches de mieux appréhender la maladie. Le soutien des proches et du ou de la partenaire est primordial pour trouver des solutions et mieux vivre l’intimité souvent fortement impactée par des rapports sexuels douloureux.


1) PA. Hunt et al. « Female Reproductive Disorders, Diseases, and Costs of Exposure to Endocrine Disrupting Chemicals in the European Union ». The Journal of Clinical Endocrinology & Metabolism, 2016.

2) B.Borghese, M. Chartier, C.Souza, et al. « ABO and Rhesus blood groups and risk of endometriosis in a French Caucasian population of 633 patients living in the same geographic area ». Biomed Res Int., 2014.

3) L.V. Farland et al. « Associations among body size across the life course, adult height and endometriosis ». Human Reproduction, 2017.

4) L’angiogenèse est le processus de croissance de nouveauxvaisseaux sanguins à partir de vaisseaux préexistants. Ce processus normal pendant le développement embryonnaire peut aussi s’avérer pathologique dans la croissance de tumeurs et le développement de métastases.

5) La pluripotence est la capacité que possède une cellule à se différencier en tous types cellulaires.

6) B. Borghese, P. Santulli, D. Héquet et al. « Genetic polymorphisms of DNMT3L involved in hypermethylation of chromosomal ends are associated with greater risk of developing ovarian endometriosis », The Americal Journal of Pathology, 2012.




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