top of page
  • Black Facebook Icon
  • Black LinkedIn Icon
Rechercher

Le journaling, un rendez-vous quotidien avec soi-même

Ecrire pour se libérer, s’organiser, se soigner, s’apaiser...il existe mille et une façon de se plonger dans l’écriture régulière d’un journal d’introspection.

Doit-on seulement voir dans cette activité une tendance passagère ? Il semblerait que non car ses bienfaits vont bien au-delà d’un simple effet de mode.


Parler de journaling replonge dans l’adolescence, pendant ces heures passées à coucher pensées, émotions et sentiments dans un petit carnet secret qu’il s’agissait de dérober au regard de la famille. Un journal comme refuge, un espace pour mettre des mots sur ce qu’on vit au quotidien, un espace de liberté totale sans aucun jugement, un moment d’introspection salvateur. Le journal est souvent une activité féminine adolescente généralement abandonnée à l’âge adulte...pourtant les bienfaits devraient nous motiver à reprendre ou découvrir ce bel espace, quel que soit notre âge. Les adultes se cachent souvent derrière le manque de temps pour ne pas s’adonner à l’écriture d’un journal mais ne serait-ce pas plutôt la crainte que quelqu’un découvre ce journal ? du quand dira-t-on face à cette pratique connotée ado ? Mais si des barrières existent bel et bien, un réel engouement se dessine...le journaling comme outil de développement personnel signe son grand retour.


Le journaling n’est autre qu’un anglicisme signifiant littéralement «écrire dans un journal», rien de neuf sous le soleil sinon que les techniques se sont diversifiées, affinées et exprimées au grand jour ! Les premiers journaux personnels ont été retrouvés dans des civilisations anciennes telles que l'Égypte et la Grèce. Les journaux intimes du Haut fonctionnaireSamuel Pepys sur les premières années de la Restauration en Angleterre au XVIIe siècle, les lettres et journaux de Champollion écrits pendant ses voyages en Egypte au XIXe siècle, ceux de Marco Polo sur ses voyages en Asie au XIIIe siècle sont autant de témoignages inestimables. Nombre d’écrivains, penseurs, philosophes, artistes ont également tenu des journaux intimes pour poser leurs pensées, leurs inspirations et leurs idées (Rousseau, Stendhal, Queneau, Baudelaire, Delacroix…). Anne Frank et Virginia Woolf ont aussi laissé des journaux qui ont témoigné de leur époque et de leur vécu.

Alors oui, les temps ont changé...écrire de sa plus belle plume dans un cahier peut sembler vieillot mais les journaux d’aujourd’hui empruntent aussi des formes d’expression numérique (blogs personnels, applications de journaling…), à chacun son support ! tant que le plaisir est là. L’écriture manuscrite revêt toutefois des qualités que le clavier n’a pas !


L’écriture serait-elle thérapeutique ?

Franz Kafka, dans une lettre à son ami Oskar Pollak en 1904 exprimait «l’écriture est la hache qui brise la couche de glace qui recouvre la mer gelée en nous ». Les bienfaits de l’écriture ont fait l’objet de nombreuses recherches. Nayla Chidiac, docteur en psychopathologie clinique, spécialiste du trauma et de l'écriture thérapeutique1évoque l’atelier d’écriture thérapeutique duCentre d’étude de l’expression de la Clinique des maladies mentales et de l’encéphale de l’Hôpital Sainte-Anne. « Ce travail, à travers l’écriture, permet une représentation et une élaboration de la souffrance ainsi partageables, d’où une réconciliation entre le moi intime et le moi public. Cette confrontation à la réalité extérieure permet de témoigner aux autres et à soi-même de la valeur positive de son monde interne »2. De son côté James Pennebaker, professeur de psychologie à l’Université d’Austin (Texas), a mis en lumière avec sa consoeur Sandra Beall en 19863une technique d’écriture thérapeutique appelée « écriture expressive » ayant un impact positif sur la santé physique et psychique de patients ayant subi et gardé pour eux d’importants traumatismes. Sont observées une meilleure santé physique, uneamélioration des relations et une diminution de l’anxiété4. Attention toutefois, imaginer que vider son sac de malheurs sans en faire la moindre analyse règlerait tous les problèmes s’avère utopique. L’effet cathartique de l’écriture expressive demande une analyse, une prise de recul et un changement de perspective.


Pourquoi se lancer dans le journaling ?

S’adonner au plaisir du journal ne part pas forcément d’un désir thérapeutique, écrire son journal permet tout simplement d’accéder au plus profond de soi, de mettre sa vie en mots, de s’explorer tel un voyage intérieur, d’apprendre à se connaître, de prendre du recul face à ses émotions, d’abaisser la température d’un mental en surchauffe assailli par les ruminations incessantes, d’y voir plus clair tout simplement. Crier la douleur de ses maux en posant des mots soulage, libère comme certains pourraient s’adonner à les peindre, les modeler, les chanter...Ecrire sa colère, sa tristesse, ses peurs, ses doutes, ses incompréhensions mais aussi ses joies, ses extases, ses désirs. Conscientiser ses émotions, ses sentiments, un cheminement vers une meilleure connaissance de soi. Le journal s’alimente tous les jours permettant de travailler la régularité. Ecrire sur son quotidien, ses émotions et ressentis inconfortables permet de mieux les appréhender, de les conscientiser et de les affronter, abaissant ainsi le niveau de stress. Mettre des mots sur ce qu'on ressent facilite le processus de réflexion et d'analyse, une prise de décision facilitée, une meilleure résolution de problèmes et organisation ainsi qu’une belle façon de lutter contre la procrastination. Il est bien entendu primordial de ne pas se concentrer uniquement sur les côtés négatifs ! Noter tous les moments et belles choses de la vie afin d’apprécier pleinement chaque petit plaisir. Ecrire au quotidien stimule la créativité, en permettant de voir les situations sous un angle nouveau et plus constructif.


Le journaling et ses déclinaisons

L’écriture libre est la plus simple, elle consiste à écrire sans se préoccuper de la structure, de la grammaire, des fautes d’orthographe et de la cohérence. L’idée est de se laisser aller à écrire vite sans se restreindre, de libérer son esprit en permettant aux pensées de s’exprimer librement. Evacuer les émotions, stimuler la créativité et sonder ce qui se trame au plus profond de soi.

Les prompts sont des questions qui guident la réflexion auxquelles on essaie de répondre afin de mieux se comprendre, gérer ses émotions ou encore dépasser ses croyances limitantes, (pensées envahissantes qui freinent l’expression de notre plein potentiel). Les prompts pour mieux se connaître pourraient être par exemple : Quelles sont les valeurs qui comptent le plus pour moi ? Qu’est-ce qui me motive à me lever chaque matin ? Comment est-ce que je gère mes échecs et mes réussites ? Quelles sont les peurs qui m’empêchent d’avancer ? Quels sont mes rêves les plus fous ? Parmi les prompts pour mieux gérer ses émotions : Qu’est-ce qui déclenche souvent mes moments de tristesse ou d’anxiété ? Comment est-ce que je réagis face à la colère ? Comment pourrais-je mieux exprimer mes émotions aux autres ? Comment puis-je cultiver plus de joie au quotidien ? Quelles sont mes peurs profondes et comment puis-je les apaiser ? Les prompts sont infinis et peuvent aussi venir explorer les croyances, le passé, la créativité, la vie rêvée, etc.

La gratitude est un type de journaling qui consiste à écrire sur tous les moments vécus pour lesquels nous sommes reconnaissant. Se concentrer sur les aspects positifs renforce le sentiment de gratitude, permet d’apprécier chaque petite chose du quotidien et booste le bien-être émotionnel.

Le journaling de visualisation repose sur l’idée d’utiliser l'écriture pour se projeter dans l'avenir et créer une image mentale de ses envies, aspirations, rêves et objectifs. En prenant le temps de les détailler on renforce sa motivation et on détermine de manière plus fine ce qu’il est bon de mettre en place pour atteindre ses objectifs.

Le journaling de créativité propose de s’adonner chaque jour à l’écriture de poèmes, dessins, croquis, collages, noter des idées, des projets.

Le Bullet journal est pensé pour planifier et suivre ses objectifs. Oust les to-do lists sur les papiers volants ! Choisissez un carnet avec pages numérotées. Ce journal est composé de différentes parties. L’index répertorie les différentes parties sous forme de sommaire, la page de clés détermine les différentes rubriques telles que les tâches, évènements, notes, quis’accompagnent de signes ou motifs. Un triangle peut par exemple illustrer le « à faire », un rond vide pour « en cours », un rond plein pour « terminé », un carré pour « reporté » et une croix pour « annulé ». Il s’agit pour la suite de choisir sur combien de mois vous souhaitezvous organiser et de noter pour chacun des mois tous les évènements prévus et choses dont vous avez besoin de vous rappeler avec les objectifs à atteindre. D’autres pages sont consacrées à l’organisation quotidienne, ce que vous avez prévu de faire, les tâches, les pensées qui vous viennent à l’esprit etc...Cet exercice peut paraître dans un premier temps fastidieux mais ce journal est un outil très utile pour moins procrastiner et atteindre ses objectifs.


Quel est le timing idéal pour écrire son journal ?

Tout dépend de vos préférences personnelles. Ecrire le matin peut être propice à préparer son esprit à la journée, le soir est le moment adéquate pour revenir sur les évènements de la journée et décompresser, prendre du recul. Créer une routine est important, quel que soit le temps qu’on y consacre. Il n’existe pas de règles strictes, l’idée est de se sentir bien dans cette pratique qui deviendra avec le temps un outil pertinent de développement personnel. Se créer un environnement calme et accueillant pour se consacrer à ce moment d’introspection rendra l’exercice d’autant plus agréable.


Ecrire à la main est bon pour le cerveau

L’écriture manuscrite, de plus en plus délaissée, n’est pourtant pas qu’un simple moyen de communication pour le cerveau. C’est ce que révèle l’équipe de la neuroscientifique Audrey van der Meer5du département de psychologie de l’Université de Norvège. Elle a entre autres démontré que l'écriture manuscrite engendre une activité cérébrale plus favorable à l'apprentissage qu’une écriture au clavier. Les chercheurs expliquent que « les mouvements délicats et finement contrôlés de l'écriture manuscrite contribuent aux schémas d'activation cérébrale liés à l'apprentissage ». L'écriture à la main crée beaucoup plus d'activité dans les parties sensori-motrices du cerveau et toutes ces expériences sensorielles, en créant un contact entre différentes parties du cerveau, améliore l’apprentissage.



ree

1 N. Chidiac, "Les bienfaits de l’écriture, les bienfaits des mots – Un atelier d’écriture" éd.Odile Jacob,2022.

3 J.W.Pennebaker, S.K. Beall, « Confronting a traumatic event : Toward an understanding of inhibition and disease », Journal of Abnormal Psychology, n° 95, 1986.

4 J.W. Pennebaker, « Putting stress into words : health, linguistic, and therapeutic implications », Behaviour Research and Therapy, n° 31, 1993.

5E.O Askvik, F.R van der Weel, A. van der Meer, « The Importance of Cursive Handwriting Over Typewriting for Learning in the Classroom: A High-Density EEG Study of 12-Year-Old Children and Young Adults », Frontiers in Psychology, 2020.

 
 
 

Commentaires


bottom of page